[Top][All Lists]
[Date Prev][Date Next][Thread Prev][Thread Next][Date Index][Thread Index]
Re: [Fsfe-france] Re: Si Brevets = influences sur utilisateur final ?
From: |
Philippe Coulonges |
Subject: |
Re: [Fsfe-france] Re: Si Brevets = influences sur utilisateur final ? |
Date: |
Tue, 14 Aug 2001 01:42:38 +0200 |
> claude writes:
> > Pour GNU/Linux (comprendre libres) et pour un utilisateur
> > Bèta (s'il y en à avec GNU/Linux ?) quel est le problème qui survient
> > avec le brevet logiciel ?
Le problème, c'est d'abord qu'il y a plusieurs problèmes.
1) Le brevet logiciel permet à des sociétés privés d'établir des lois
Je place ce point en premier parce qu'il me semble que c'est le plus grave,
même si ce n'est pas le concept le plus facile à saisir.
A partir du moment où les utilisateurs n'ont plus la maîtrise de ce que
contient et exécute leurs machines (au sens large, ordinateur, mais aussi
lecteur CD, DVD, décodeur télé, etc...), ils doivent s'en remettre à des
techniciens compétents.
Cela vient naturellement par la complexité et la diversité des techniques
mises en oeuvre.
En ce sens, ce que peut faire où ne pas faire la machine devient une loi pour
l'utilisateur.
Admettre que, par le biais d'un système d'exclusivité, ce pouvoir soit
attribué à une seule société privée est déjà en soit une menace.
Et les cas d'abus de ce pouvoir existent déjà, le codage de zone des DVD en
est un exemple frappant. Aucune loi n'interdit à un consommateur d'acheter un
DVD à Honk-Kong, puis de lire son bien en France. Pourtant dans la pratique
cela est impossible. Bien que l'authentique propriétaire de la copie, une loi
écrite par un conglomérat de sociétés privés l'en empèche.
Les brevets logiciels permettraient la multiplication de ce genre d'abus.
C'est une menace pour le consommateur, et cela peut en devenir une pour les
démocraties (je développerai volontier sur le thème, mais j'ai peur de
m'essoufler et il y a d'autres points importants à aborder).
2) Distribuer des monopoles sur un marché qui a naturellement une tendance
monopolistique ne peut être bénéfique.
Le marché du logiciel a cette tendance. Parce que les utilisateurs cherchent
l'interopérabilité, parce qu'une solide base d'utilisateurs rassure, etc...
3) Parce que le logiciel est trop proche de la pensée pour être assimilé à
une quelconque technique.
Les idées, les formules mathématiques, les algorithmes ne sont pas
brevetables. Or les programmes d'ordinateurs ne sont que la traduction en
langage/logique formel/le de ces idées.
4) Parce qu'une construction informatique efficace est interdépendante.
Ce sera la faillite du système de logiciel propriétaire. L'ouverture des
programmes, des fonctions permet de toujours progresser, de n'avoir à
programmer que ce qui est utile et apporte une nouveauté effective.
Cela opposé à un système ou chacun, propiétaire dans son coin, doit sans
cesse réinventer la poudre pour faire son petit bout de soft.
Dans cet univers d'interdépendances, les brevets engendreraient un
capharnaum, un labyrinthe de micro-licenses et sous-licenses qui conduiraient
immanquablement à un blocage, une paralysie du système, qui perdrait son
énergie créative au profit d'un parasitisme juridique.
5) Parce que l'on peut douter que les services administratifs chargés des
vérifications aient la compétence pour juger l'innovation.
Et je ne les en blame pas. Mais il suffit de voir un commercial enfumer un
service de veille technologique pour constater qu'il est très difficile dans
le domaine du logiciel de distinguer la véritable innovation du concept
commercial ou du vaporware. Java est-il une invention ? Et .net ? Et MMX ? Et
le brevet 35h de l'AFUL ?
6) Parce que l'on peut douter que les services administratifs chargés des
vérifications aient les moyens de vérifier l'antériorité.
Et ce d'autant plus que les brevets en question peuvent porter sur des
portions d'algorithmes, des "bouts de code". Ici encore, on se dirigerai vers
des arguties sans fins, des précautions importunes qui ne feront que freiner
les vrais développements.
7) Parce que le système actuel des brevets est inadapté au milieu de
l'informatique/électronique d'aujourd'hui.
C'est un système hérité du XIXème siècle et de la révolution industrielle,
des premiers chemins de fer et du télégraphe. Il accorde à son détenteur une
exclusivité de 25 ans pour lui permettre un juste retour sur investissement.
Dans le contexte actuel de l'informatique et de l'électronique, cette période
de 25 ans est monstrueuse. Elle est actuellement plus longue que l'histoire
de la micro-informatique !
8) J'en oublie surement, merci de completer ...
> > Je pose cette question , car j'ai l'impression que seul les utilisateurs
> > touchés pécunièrements (Start Up, Sté services Web, ...) sont motivés
> > par des actions contre le brevet logiciel ?
Pas du tout, ce n'est pas mon cas, ni celui de nombreux opposants de mon
entourage.
Ma motivation première est : ... ben mon point n°1.
> > Est-ce que GNU/Linux disparaît si brevets ? (GNU est née aux USA ).
Non, mais il peut être très affaibli, car de nouveaux matériels peuvent
apparaître qui lui seront interdit. Et si ces matériels sont attractifs pour
le public, celui-ci sera tenté de se détourner de Linux.
A+
CPHIL
--
.. On lit, dit-on, dans votre ouvrage, la proposition que voici :
"La liberté est le droit de faire ce que les lois permettent."
Je m'accommode très bien de cette définition que je trouve juste,
et je puis vous assurer que mes lois ne permettront que ce qu'il faudra..
-- Machiavel (à Montesquieu).