[Fsfe-france] Internet, Les Technologies de Demain

[Loic Dachary]

        Bonjour,

        J'ai lu votre livre avec intérêt. L'introduction faisant
flateusement référence aux Logiciels Libres, je m'attendais à les
trouver en filigrane. Pourtant, mis à part une référence (voir ci
dessous) je n'en ai pas trouvé trace. Je me suis reproché ma déception
car il ne s'agissait ici que du premier tome des technologies de
demain. Les logiciels libres seront, j'imagine, traités dans un tome
ultérieur.

        Puis j'ai mis le doigt sur la source d'une gène
persistante. En matière de technologie plus qu'ailleurs, la pertinence
d'une spéculation dépend des degrés de liberté associés aux éléments
qui conditionnent l'accès à ladite technologie. Il serait par exemple
vain de spéculer sur le potentiel de XML si l'utilisation d'XML
dépendait de la volonté d'une seule personne (voir à cet égard les
problèmes liés à SVG http://www.w3.org/Graphics/SVG/ et à la politique
du W3C sur les brevets). Or je n'ai detecté à aucun moment dans votre
ouvrage un souci de distinguer la technologie librement disponible à
tous de celle qui est étroitement contrôlée par son créateur.

        Nombre des technologies que vous citez (telles que e-book)
sont si liberticides que je n'arrive pas à imaginer comment elles
peuvent s'insérer dans les scénarios d'ouverture, d'évolution et de
standardisation que vous proposez à divers endroit dans votre livre.

        Cela me fait un peu penser (sans offense, j'exagère
délibérément :-) à un ouvrage célebrant les merveilles de la
révolution culturelle et passant totalement sous silence le régime
dictatorial sous jacent. Je suis intimement persuadé qu'il est
impossible d'évoquer le futur des technologies en faisant abstraction
du degré de contrôle ou de partage associé ces technologies.  A moins
sans doute de viser le long terme, mais ce n'est pas l'objet de votre
livre qui se veut, je crois, ancré dans l'actualité et le futur
immédiat.

        Je réalise aussi que la prise en compte de cet aspect des
choses ne serait pas sans poser problème au sein de la FING. J'y
compte plusieurs membres influents qui détiennent un contrôle absolu
sur de nombreuses technologies et qui verraient d'un très mauvais oeil
qu'on les évalue sous l'angle de la liberté de tous (Microsof, AOL,
Thomson, Vivendi, SELL...). J'ose cependant espérer que vous serez
sensible à mes remarques et que votre prochain ouvrage saura
apréhender la technologie de façon moins désincarnée.

        Bien cordialement,

---

http://www.fing.org/ref/cahier/pdf.pdf

        Page 36: "Dennis Ritchies"

        C'est Dennis Ritchie sans "s"

        Page 38: "ainsi le système Linux développé sous forme de
logiciel libre"

        Votre phrase laisse supposer que le logiciel libre est une forme de
développement. Il aurait été plus juste de dire:

        "ainsi le noyau Linux diffusé en Logiciel Libre" 

        Car la qualité Logiciel Libre s'aquiert à la première
diffusion par le biais d'une licence et non par les méthodes de
développement. Il est vrai que la diffusion d'un logiciel sous licence
libre entraine parfois la formation de groupes de développements dont
certains ont un profil qui ne se retrouve pas dans les équipes
développant des logiciels propriétaires. Mais il faut se garder de
systématiser car la diversité des groupes de développements qui
existent autours des logiciels libres actuels est si grande qu'elle
échappe encore à l'analyse. Certains, tels Eric Raymond se sont essayé
avec talent à décrire le profil des communautés gravitant autour de
quelque projets à succès tels que le noyau Linux. Mais loin de
constituer la règle, ils sont une minorité.

        Je propose aussi "noyau Linux" au lieu de "système Linux" car il
est plus juste de remarquer que le noyau est POSIX. Le système
d'exploitation dans son ensemble échappe largement à la normalisation,
bien que certains composants de bas niveau soient supposément inclus
(http://www.opengroup.org/onlinepubs/007908799/).

        L'utilisation de capitales pour "Logiciel Libre" est destiné
a marquer le fait qu'il s'agit d'un concept à part entière et non 
d'un simple qualificatif de "libre" appliqué au logiciel. 
        
-- 
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